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Les quatre premières ennéades de Barkios, lors de la 6ème année du 11ème cycle, furent une période sombre pour le pays de Sainte-Berthilde. La mort récente du Roi présageait des temps troublés ; la rébellion qui opposa le marquisat à ses plus grands vassaux restera dans l'Histoire comme « la guerre de l'Atral. »

Les circonstances, ou comment un marquisat laissé à l'abandon attira la convoitise d'un puissant seigneur[]

Depuis la mort d'Emma d'Erignac lors d'une chute de cheval en Odélian, la branche-mère des Sainte-Berthilde s'était éteinte. Le prétendant le plus légitime se trouvait, dès lors, être Adelin Dussac, un cousin au troisième degré d'Anoxar de Sainte-Berthilde, duc décédé sept ans plus tôt. 

Ledit cousin, châtelain de l'antique forteresse de Sainte-Berthilde, s'efforçait de préserver un semblant d'ordre dans Cantharel, la capitale du marquisat ; le reste du territoire, néanmoins, fut abandonné aux divers barons et seigneurs.

Le délaissement des terres du marquisat fit la part belle aux bandits, maintenant une insécurité croissante dans les campagnes et laissant les plus petits seigneurs livrés à eux-mêmes. Il eut une autre conséquence.

Anseric de la Rochepont, comte d'Arétria, s'était uni à Clélia, baronne d'Olyssea. Les deux fiefs, historiquement rattachés à la suzeraineté de Sainte-Berthilde, se trouvaient réunis entre les mains d'un homme ambitieux, et pour le moins réfractaire à toute autre autorité que la sienne. La mort du roi Trystan, et les circonstances qui entourèrent le début de la régence d'Aetius d'Ivrey - le jeune nouveau roi Eliam, fils de Trystan, étant encore un enfant - le confortèrent peu à peu dans son projet de rébellion, lui qui rêvait de se tailler la part du lion et d'imposer à Diantra l'indépendance de tout l'Atral. Il en contrôlait déj les deux-tiers : Sainte-Berthilde lui manquait, mais dans de telles circonstances, comment pourrait-elle lui échapper ?

Anseric de la Rochepont commença par semer la discorde parmi la noblesse du Berthildois, afin de les gagner à sa cause. Pour commencer, il offrit à Kerthan Vosker, seigneur de Laraus, un petit fief miteux du Berthildois, de lui confier pour fief le pays de Sainte-Berthilde en échange d'un serment d'allégeance.

Un événement inattendu, ou comment l'arrivée fortuite d'une marquise devait tout changer[]

A la première ennéade de Barkios, l'ost arétan s'est mis en marche sur les terres du Berthildois. Alors que les hommes du comte Anseric font rendre gorge à une bande de paysans réfractaires de Forc-en-Truy, leur maître apprend une nouvelle pour le moins surprenante : les nobliaux de Cantharel, avec le soutien d'Adelin Dussac, venaient de reconnaître Arsinoé d'Olyssea en tant que marquise de Sainte-Berthilde.

Comment advint cet étrange coup du sort ? Au moyen de moults documents, les nobles de Cantharel établirent la légitimité d'Arsinoé en ce qu'elle serait la nièce de l'illustre duc Anoxar de Sainte-Berthilde. Si certains doutaient de la véracité de son lignage, Arsinoé d'Olyssea fut confortée dans son ascension en ce qu'elle offrait la perspective d'un retour à la stabilité. Du reste, son retour était plus que providentiel, alors que les osts arétans marchaient déjà sur le pays.

Arsinoé d'Olyssea se trouvait, par ailleurs, être la cousine de Clélia, l'épouse d'Anseric. Le comte d'Arétria écrivit deux lettres : l'une adressée à Adelin Dussac, lui demandant de ne plus soutenir Arsinoé, l'autre adressée à Kerthan Vosker, le pressant de rejoindre l'Ost d'Olyssea et de marcher sans attendre vers Cantharel afin d'y mettre le siège.

L'appel à l'aide[]

Arsinoé d'Olyssea se trouve alors dans une situation précaire. Si elle tient le titre de marquise, elle n'est maîtresse que de Cantharel et de ses murs ; les nobles du Berthildois se méfient encore d'elle, quand ils n'ont pas prit fait et cause pour Anseric, à l'image de Kerthan Vosker.

Apprenant que le Régent et Sénéchal du Royaume, le Comte de Scylla Aetius d'Ivrey, se trouvait présentement quelque part dans le duché d'Erac, elle décida, sans grand espoir, de l'appeler à l'aide. 

Au Régent et Sénéchal du royaume, Le Comte de Scylla Aetius d'Ivrey,


Sire, il me chagrine de n'avoir pu vous écrire plus tôt. Comme vous le savez sûrement j'ai récemment accédé au titre de marquise de Sainte Berthilde, de par la légitimité que m'accorde mon sang suite à la disparition de ma cousine Emma. Ayant fait le serment de rétablir la justice du Roi dans une terre si longtemps abandonnée aux criminels et bandits, j'ai seulement quelques instants avant la rédaction de cette missive apprise une triste nouvelle. Mon vassal le Comte d'Arétria, Anseric de la Rochepont, envahit mes terres avec toute la force d'Arétria et Olyssea à ses cotés, balayant ainsi mon amitié, son honneur et la loi du Roi. Je n'ai d'autre recours que d'implorer votre aide et votre arbitrage, qui je le sais rendra possible une réconciliation.

Arsinoé d'Olyssea, marquise de Sainte Berthilde.

Le siège de Cantharel[]

L'ost d'Olyssea, mené par sa baronne Clélia, mit le siège devant Cantharel. Les arétans les rejoignirent deux jours plus tard. Anseric a entre-temps eu vent qu'Aetius d'Ivrey entretenait quelque expédition contre Léandre d'Erac, au même moment ; si la proximité des troupes royales inquiétait, l'on savait l'Ivrey suffisamment occupé, au moins pour un temps, pour pouvoir s'opposer aux plans de l'Arétan.

L'Ivrey, pourtant, répondit à la missive d'Arsinoé ; il lui promit de se porter à son secours, tout en temporisant, car cela devrait attendre la fin de son expédition dans le Médian. Pourtant, cette promesse fit renaître un certain espoir chez la marquise ; espoir ravivé par le soutien que lui promirent par la suite le comte Grégoire d'Odélian et le vassal de celui-ci, Jérôme de Clairssac, baron d'Etherna. Elle réitéra ses appels aux principaux seigneurs du Berthildois, mais les Saint-Aimé, les Kelbourg, les Gorgeon demeurèrent sourds à ses suppliques.

Pendant ce temps, les relations entre Anseric de la Rochepont et Kerthan Vosker se faisaient moins cordiales ; ce dernier, bien conscient de n'être qu'une marionnette entre les mains d'Anseric, s'était mit à douter. Puisque Sainte-Berthilde avait maintenant une marquise, pouvait-il décemment continuer à espérer reprendre le flambeau ? Il avait suivi Anseric avec de bonnes intentions, se targuant que l'expédition serait bénéfique pour Sainte-Berthilde. Mais désormais, qu'en était-il ?

Le baron de Merval, Cléophas d'Angleroy, avait rejoint sur la route Anseric et sa côterie. Il se proposa de mener les négociations ; convaincu, Anseric lui confia le soin de porter à Arsinoé ses exigences. L'on attendait d'elle qu'elle renonce à toute prétention à recevoir hommage d'Anseric, qu'elle quitte la cité et se place sous sa garde. En retour, il lui consentirait une place d'honneur à sa cour, et l'assurance d'un mariage équitable.

Poussé probablement par la folie, Kerthan Vosker profita du départ de l'ambassade pour s'y mêler, travesti en simple sergent. L'un des hommes d'Anseric qui accompagnait - ou plutôt, surveillait - le baron de Merval, le reconnut et clama qu'il n'était qu'un imposteur ; Kerthan Vosker, clamant en vain son identité, fut jeté dans les geôles de Cantharel.

Le lendemain, Arsinoé d'Olyssea et Anseric de la Rochepont se rencontrent en terrain découvert, dans la plaine séparant la ville du camp des assiégeants. Anseric met en garde Arsinoé contre l'inconstance de l'Ivrey ; qu'Arsinoé se garde bien de lui être redevable de quoi que ce soit ! L'amitié de l'Ivrey coûte souvent fort cher. L'entrevue est cordiale, et un accord est trouvé. Arsinoé accepterait de prêter hommage à Anseric, et soutiendrait ses projets d'indépendance de l'Atral.

L'entente semblant acquise, il fut décidé de la fin du siège, et Anseric interdit à ses hommes de mettre la ville à sac. 

Profitant de ce moment de répit, Arsinoé fit venir à elle le félon Kerthan Vosker, et elle lui offrit son pardon en échange d'un serment ; elle envoya alors Kerthan Vosker chevaucher au devant des Adhemar, des Kelbourg et des Saint-Aimé, les principaux seigneurs du Berthildois qui, depuis le début du conflit, demeuraient sourds à ses appels.

Au même moment, l'on apprend qu'Aetius d'Ivrey a triomphé des rebelles eraçons. Anseric s'attend dès lors à le voir conduire ses osts en Atral. Il décide de placer son épouse Clélia et ses gens entre les murs de Cantharel ; puis l'ost de l'Atral prit la direction de l'Avosne, où elle devait en découdre avec l'armée royale.

Quand le chat n'est pas là, les souris dansent[]

Le sort de son époux ne manque pas d'inquiéter Clélia d'Olyssea, craignant qu'il ne rencontre un destin funeste en affrontant l'Ivrey. Elle décide d'envoyer leur fils dans le Langecin, sous la garde de son amie la duchesse Jeanne de Sephren.

Pendant ce temps, une armée conduite par Grégoire d'Odélian et Jérôme de Clairssac apparut dans les environs de Cantharel. Les sires de Kelbourg et d'Adhémar arrivèrent à peu près au même moment, répondant enfin à l'appel de la marquise. Le sire de Saint-Aimé manquait encore, mais désormais forte de ses soutiens, Arsinoé d'Olyssea avait suffisamment temporisé ; elle se désolidarisa d'Anseric de la Rochepont, plaça sa cousine Clélia sous sa protection, et fit savoir qu'elle convoquait son « vassal » Anseric afin qu'il réponde de sa traîtrise et cesse son agression illégitime contre les défenseurs du Roi.

Se sachant prise au piège, Clélia est contrainte de s'en remettre à sa cousine, et accepte de retirer l'ensemble de ses forces de Cantharel contre la promesse qu'aucun mal ne sera fait à ses enfants ou à ses terres. Arsinoé lui promet que leur fils Yvain de la Rochepont demeurera l'héritier légitime du comté d'Arétria, et que les droits de Clélia sur la baronnie d'Olyssea ne seront pas remis en cause. Excédé par la miséricorde outrancière de la marquise, Grégoire d'Odélian s'emporte : comment la marquise de Sainte-Berthilde peut-elle ainsi pardonner à ceux qui l'ont soumise par la force ? Arsinoé et Grégoire aboutiront toutefois à un accord : Odélian continuera de la défendre jusqu'au bout, tant que la miséricorde d'Arsinoé ne s'étend pas à Anseric de la Rochepont.

L'ost d'Olyssea quitta la ville au lendemain, pour regagner ses terres.

Pendant ce temps, dans l'Eraçon[]

L'armée d'Anseric poursuivait son expédition, recherchant l'armée de l'Ivrey, cherchant à frapper au meilleur moment afin de tuer dans l'oeuf la menace qu'il représentait pour ses projets. Persuadé que son emprise sur Cantharel était solide, Anseric s'enfonça dans les terres, rencontrant une aide bienvenue parmi les rebelles eraçons.

La fin des haricots[]

C'est au retour des montagnes eraçonnes qu'Anseric apprit ce qui s'est joué en son absence. Lui qui revenait pour recevoir l'hommage qu'Arsinoé lui avait promis, allait maintenant devoir se préparer à faire la guerre. Car il était pour lui hors de question de reconnaître sa défaite et ployer le genou, pas maintenant, après tout ce qu'il avait accompli ! Il resta sourd aux suppliques épistolaires de son épouse, qui le priait de se rendre à la raison. Marchant en direction de Kelbourg, l'ost d'Anseric aperçut au loin les troupes dudit seigneur de Kelbourg, revenant sans doute de Cantharel où il avait prêté hommage à Arsinoé. Les hommes de Kelbourg firent aussitôt volte-face et prirent leurs jambes à leur coup ; flairant le piège, Anseric retint ses hommes, mais ne put retenir la bande d'auxiliaires eraçons qui l'avaient rejoint dans son expédition, et ceux-ci chargèrent stupidement l'ennemi avec un zèle tel qu'on n'entendit jamais plus parler d'eux. Anseric profita de la diversion pour filer vers le Nord, et échapper ainsi à un piège dans-lequel l'auraient attendu les osts d'Odélian et leurs alliés du Berthildois.

Entre-temps, l'ost d'Olyssea s'était à nouveau levé. La raison semblait avoir quitté Clélia d'Olyssea en même temps que sa volonté de régler les choses par l'apaisement ; et c'est d'un bras vengeur qu'elle indiqua à ses troupes la direction de Cantharel. Les olysseans marchaient vers la capitale, dévastant tout sur leur passage. Le temps des palabres était terminé ; Arsinoé les avait dupés, et Clélia le lui ferait payer ou mourrait en tentant de le faire.

A Anseric de la Rochepont, comte d’Arétria, baron d’Olyssea et époux de son Honneur Clélia d’Olyssea.


Nous sommes le neuvième jour de la troisième ennéade de l’an six, et Cantharel voit Rouge. Tous ont souffert, sans distinction, et une aura écarlate baigne les alentours de la ville. Pressez donc le pas, car le spectacle n’attend pas.

Que les Cinq vous bénissent, toutes mes prières vont vers vous en cet instant.

C.

A Arsinoé d’Olyssea, de la part de Clélia d’Olyssea, baronne d’Olyssea et comtesse d’Arétria .


Aimable et chère cousine,

Votre naïveté vous honorera toujours ; et vous guidera aussi à la perte de toutes ces vies que vous souhaitiez tant chérir et protéger.
Mes hommes ont soupé d’une excellente nuit de massacres. Bientôt, Cantharel sera notre nouvelle proie ; tout comme vous avez insolemment décidé de prendre en chasse mon époux. Craignez chaque minute laissée entre nos mains affamées, car elles s’amoncellent à la même vitesse que celle des corps violés et mutilés de votre tendre gueusaille.
Je vous convie à ce festin, ma chère ; et voici quelques présents qui, je l’espère, attiseront autant votre appétit que le mien. Venez donc. Venez me prouvez si le porc que vous nommez ami sait mieux se battre qu'insulter les pauvres femmes... en ce qui me concerne, j'ai déjà ouvert les comptes.

Je vous montrerai qui de nous est la louve d'Olysséa, ou la putain thaarie.

Clélia conduisit ses osts jusqu'aux pieds de Cantharel ; elle donna ses derniers ordres avant que sa garde personnelle ne la contraigne à s'éloigner du danger. Ce qu'il advint d'elle par la suite, nul ne le sut jamais ; enlevée ou tuée dans le chaos qui s'ensuivit, ou exilée dans quelque contrée lointaine, les conteurs se perdront éternellement dans les conjectures. Ce que l'on sait, c'est que l'ost d'Olyssea qui mettait le siège devant Cantharel affronta férocemment les hommes du Berthildois sous un déluge de flèches, et se battit rageusement malgré son infériorité numérique. L'arrivée des troupes d'Odélian et d'Etherna acheva d'anéantir leurs maigres chances de réussite.

Les conteurs disent alors que si l'ost du comte Anseric s'était montré une heure plus tôt, l'issue du combat eut été toute différente. Là encore, nous n'en aurons jamais la réponse ; toujours est-il qu'Anseric commanda sa dernière charge en toute connaissance de cause, et courut vers la mort qui lui tendait les bras, car si la victoire persistait à lui échapper, il la poursuivrait jusqu'aux sept portes des sept enfers, s'il le fallait. Et il mourut au milieu de ses plus fidèles hommes, transpercé par un dard acéré ; son cheval poursuivit sa course, traînant à terre le cadavre de son maître sus à l'ennemi tandis que les arétans se débandaient.

Les conséquences de la guerre[]

Les circonstances difficiles dans-lesquelles Arsinoé d'Olyssea est parvenue au pouvoir, et la rébellion matée du plus redoutable seigneur de l'Atral, devaient consolider durablement sa position sur le marquisat de Sainte-Berthilde. Elle épousa peu de temps après le Régent et Sénéchal du Royaume, Aetius d'Ivrey ; ensemble, ils revendiquèrent la baronnie d'Olyssea au nom d'Arsinoé, puisque l'on subodorait que Clélia avait connu, comme son époux, un funeste destin.

Le comté d'Arétria fut laissé de nombreux mois à l'abandon ; sans chef à sa tête, il y régna un chaos latent, chacune des seigneuries étant livrée à elle-même. Sa situation fut semblable à celle du Berthildois avant la venue d'Arsinoé. Il retrouvera finalement un maître en la personne de Wenceslas de Karlsburg, un seigneur arétan qui avait refusé de suivre l'expédition d'Anseric, et qui fut ainsi récompensé par Arsinoé. Le nouveau comte d'Arétria devint dès lors un fervent serviteur de la cause royale.

La mort du roi Eliam et du régent Aetius dans l'incident de l'Arcanum à Diantra verra le fils d'Arsinoé et d'Aetius, l'enfant Bohémond, devenir roi de la péninsule. Un règne contesté par une partie de la noblesse, notamment celle du Médian, qui entraînera par la suite de nouveaux troubles - mais ceci n'est pas notre sujet.

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